Page 53 - Michpatei Hachalom

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ne pas haïr son prochain
Il le faisait en toute impunité, car il était sûr que le
Gaon
, dans sa
sainteté, ne le dénoncerait jamais. Bientôt, dans la maison du
Gaon
, sévit
la disette. La femme du
Gaon
se plaignit à son mari de son malheur et
de celui de ses enfants, car elle n’avait rien à leur proposer à manger. Le
Gaon
lui répondit d’envoyer les enfants chez les voisins, espérant qu’ils
auraient pitié d’eux et qu’ils leur donneraient à manger. Ils vécurent ainsi
dans la misère durant toute la vie du bedeau.
Le
Gaon
, dans sa grandeur, ne lui fit jamais la moindre allusion à ce
sujet. C’est seulement lorsque le bedeau tomba gravement malade, à ses
derniers instants, qu’il confessa son péché et reconnut que pendant des
années, par sa faute, la famille du
Gaon
avait souffert de la faim.
Rendre sa haine publique
En conclusion, il apparaît que seul celui qui éprouve de la haine dans son cœur
transgresse l’interdiction de haïr. En revanche, celui qui manifeste sa haine
et informe l’intéressé des sentiments qu’il éprouve à son égard ne transgresse
pas cet interdit. Néanmoins, il enfreint l’interdiction de « garder rancune » et
manque au commandement d’« aimer son prochain comme soi-même ».
Ne plus adresser la parole
Quiconque ne salue pas son prochain à cause des sentiments haineux qu’il lui
porte transgresse l’interdit de « haïr autrui » (hormis cet interdit de la Torah, il
transgresse aussi l’injonction rabbinique de saluer tout homme).
Quiconque, à cause de la haine qu’il ressent, se retient de parler à autrui trois
jours durant, nos Sages le considèrent comme son « ennemi ». Cette appellation
a pour conséquence qu’il n’est désormais plus apte à juger le second au
Beth Din
,
car il y a tout lieu de craindre qu’il fasse pencher le verdict en sa défaveur.
De même, au temps où les villes de refuge (
arei miklat
) existaient, si quelqu’un
venait à tuer son ennemi par inadvertance, il ne lui était pas permis de prendre
l’exil et de rejoindre les villes de refuge, car on soupçonnait son homicide d’être
volontaire.
Cette durée de trois jours n’est évidemment valable que si les deux hommes se
rencontrent quotidiennement. En revanche, une absence de communication
qui ne serait due qu’aux distances ne justifie pas le qualificatif d’« ennemi ».