Page 51 - Michpatei Hachalom

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ne pas haïr son prochain
certaines différences entre la haine gardée dans le cœur, et celle que l’on exprime
ouvertement, comme nous allons le voir.
Dévoiler la haine
Selon certaines opinions, l’interdit de haïr ne s’applique qu’à la haine que l’on
garde enfouie dans son cœur, car l’homme détesté n’en sait rien et ne peut s’en
préserver.
D’après cela, même lorsqu’il serait permis d’haïr un homme (comme nous
le verrons plus loin), il est malgré tout interdit de paraître bienveillant, tout
en entretenant des sentiments hostiles à son égard : on devra au contraire les
manifester ouvertement.
En effet, la haine que l’on garde enfouie dans son cœur est plus grave que celle
que l’on dévoile. Déguiser ses ressentiments, c’est en effet les attiser sans cesse
et empêcher qu’ils se consument. Inversement, en manifestant sa rancœur, il
est possible d’en diminuer l’intensité jusqu’à la faire disparaître complètement.
Le devoir de remontrance
Pour certains de nos Sages, l’interdit de haïr est directement lié à l’obligation
de faire des remontrances. En interdisant la haine, la Torah nous impose d’aller
parler à celui qui nous a causé du tort, et ne pas laisser l’animosité s’installer. Ils
déduisent cette relation de la juxtaposition de ces deux commandements dans le
verset : « [1]
Tu ne haïras pas ton frère dans ton cœur,
[2]
tu feras des remontrances
à ton prochain… 
» (
Vayikra
/Lévitique 19,17).
En entendant nos reproches, l’autre pourra clarifier ses motivations et l’on
pourra ainsi, soit se rendre compte qu’il était dans son droit, soit l’amener
à réaliser son tort et à s’excuser d’avoir mal agi. Il en résulte que grâce à ces
remontrances explicites, on parviendra à extirper la haine de son propre cœur.
Cette ligne de conduite renforce la fraternité au sein du peuple juif, et permet
à la paix de régner.
Cependant, on veillera à ne pas adresser à autrui cette remontrance en public,
pour éviter de l’humilier et de se rendre coupable de l’interdit mentionné
à la fin de ce même verset : «
…et tu n’assumeras pas de péché à cause de
lui 
« (
Vayikra
/Lévitique 19,17). En formulant ces remontrances, on doit
prendre particulièrement garde à ne pas provoquer une dispute. Il sera ainsi