Page 45 - Michpatei Hachalom

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les lois du pardon
En revanche, si l’on est convaincu que l’agresseur continuera à nous causer du
tort, on n’est pas tenu de lui pardonner.
Il en va de même pour quiconque nous cause du tort avec la certitude qu’on
finira bien par lui pardonner. Parce qu’il agit dans cet état d’esprit, il ne mérite
pas notre pardon. Cette règle est semblable à celle de l’homme qui faute envers
D.ieu en se disant : « Je faute et ensuite je me repentirai. » Nos Sages disent de
lui que D.ieu lui retirera la possibilité de se repentir...
Le
Rav
de Brisk et le Juif ordinaire
Un jour,
Rabbi
Yé’hiel Weinberg (l’auteur des Responsa
Séridei Ech
)
voyagea en train avec
Rabbi
‘Haïm Soloveitchik. A l’un des arrêts, un
Juif monta et s’assit brusquement à côté de
Rabbi
‘Haïm. Il le poussa si
fort qu’il le fit tomber de son siège.
Lorsque le train arriva à Brisk, une foule importante se rassembla pour
accueillir
Rabbi
‘Haïm. Tout à coup, notre homme comprit sa méprise.
En effet, il n’avait pas bousculé n’importe qui, mais le
Rav
de la ville…
Immédiatement, l’homme s’excusa de l’avoir fait tomber de son siège.
Cependant,
Rabbi
‘Haïm ne consentit en aucune façon à lui pardonner.
Ses supplications ne servirent à rien.
Rabbi
‘Haïm lui expliqua ainsi les motivations de son refus : « Si tu me
demandes pardon, c’est pour la simple raison que tu as pris conscience
que le pauvre bougre que tu as méprisé n’est autre que le
Rav
de la ville
de Brisk. Or, il s’avère qu’avant tout, tu n’as pas bousculé le
Rav
de Brisk
mais l’un de tes semblables. Puisqu’il en est ainsi, quel pourrait être le
sens de mon pardon? »
Ce n’est que lorsque l’homme prit la ferme décision de ne plus manquer
de respect à aucun autre homme, que
Rabbi
‘Haïm accepta de lui
pardonner.
Pour le bien de l’offenseur
Il est également permis de retenir son pardon si l’on agit pour le bien de
l’offenseur. Par exemple, il arrive parfois qu’en se butant à un refus, ce dernier
comprenne qu’il doit cesser son jeu de provocations le conduisant à demander
continuellement pardon à autrui.