Page 23 - Michpatei Hachalom

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juger autrui avec équité
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mon fils Horkenos n’étudiait pas la Torah. Puis, lorsque j’ai rendu visite
à mes amis dans le Sud, ils me délivrèrent de tous mes vœux. Quant à
toi, que D.ieu te juge avec la même bienveillance dont tu as fait preuve
envers moi. »
C’est ainsi que raconte le Talmud. Dans ses Responsa, le
Rav
A’haï Gaon
rapporte que l’employé n’était autre que
Rabbi
Akiva lui-même, avant
qu’il parte étudier la Torah, et que le propriétaire en question était
Rabbi
Eliezer ben Horkenos.
Il nous faut réaliser le contexte de ce poignant récit : un homme est
déraciné de son lieu de résidence, il est séparé de sa femme et de ses
enfants et se rend dans une région lointaine. Il emporte avec lui quelques
hardes et travaille durant une longue période, tout cela dans le but de
nourrir sa famille. Après de tels sacrifices, comment peut-il retourner
chez lui les mains vides ? Quelle honte et quelle humiliation !
De plus, cette histoire se passe la veille de Yom Kippour, un moment
propice à l’examen de conscience et au remboursement des dettes. Par
ailleurs, le propriétaire aurait au moins dû prendre en compte le fait que
son employé et sa famille allaient passer la fête dans le dénuement le plus
total. Il est clair que cette déception causa à
Rabbi
Akiva une grande
tristesse. Pourtant, lorsque le patron lui rendit visite durant la fête, ils
s’attablèrent ensemble, mangèrent et burent – et ce n’est qu’ensuite qu’il
lui paya son salaire. Quelle force morale a dû être requise de la part de
Rabbi
Akiva pour accueillir ainsi l’homme qui lui avait causé tant de
douleur !
Rabbi
Akiva jugea son ancien employeur de manière positive. Il traita
son hôte avec respect et lui offrit une hospitalité exemplaire. Il ne pipa
mot concernant son dû et ne se permit aucune réflexion à ce sujet jusqu’à
ce que celui-ci prenne l’initiative de la discussion.
Vu les nombreuses questions que
Rabbi
Eliézer posa à
Rabbi
Akiva,
nous comprenons qu’il existait probablement de bonnes raisons de le
suspecter. Pourtant,
Rabbi
Akiva n’en fit aucun cas. Au contraire ! Il alla
même jusqu’à justifier le comportement de son employeur étape par
étape, comme en témoigne chacune de ses réponses.