Page 60 - Rav Ades

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rav yaakov ades
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reconnaîtra certes qu’il a bien agi, mais on sera un peu décontenancé
à l’idée que ce Sage ait pu renoncer à ses propres richesses pour venir
en aide aux plus démunis alors qu’il y avait tout à craindre qu’en se
séparant du peu de nourriture dont il disposait pendant cette année
de famine, il se mettait lui-même en danger de mort… Mais les Sages
nous enseignent ici que la vérité est tout autre, puisqu’au contraire,
en donnant la
Tsédaka
, Binyamin
haTsadik
a aussi sauvé sa propre
existence et gagné de surcroît vingt-deux années de vie supplémentaires.
Ainsi, dans le
Choul’han Aroukh
(
Yoré Déa
, 249), il est dit : « C’est
une
Mitsva assé
(un commandement positif ) que de donner la
Tsédaka
proportionnellement à ce dont on dispose, et il faut se montrer
extrêmement vigilant à cet égard. Personne n’est jamais devenu pauvre
parce qu’il a donné la
Tsédaka
, et rien de mal n’est jamais arrivé à
cause de la
Tsédaka
. Quiconque se montre généreux envers les pauvres,
le Saint, Béni soit-Il, se montrera clément à son égard. La
Tsédaka
a
le pouvoir se repousser les mauvais décrets, et pendant les années de
disette, elle protège l’homme de la mort, comme cela est arrivé dans la
ville de Tsarfata (cf. Les rois, 1, 17 au sujet du prophète Éliahou).
3.
On trouve dans le Traité
Baba Kama
, p.11/a, une autre histoire
au sujet du roi Mounbaz qui n’hésitait pas à dilapider ses richesses
personnelles et celles de ses ancêtres pour venir en aide aux indigents
pendant les années de disette. Or, un beau jour, ses frères et les gens
de sa maison paternelle lui rendirent visite et lui dirent : « Tes parents
ont amassé cette richesse, ajoutant encore à celle de leurs ancêtres,
et toi tu la dépenses de cette manière ?! » Mounbaz leur répondit :
« Mes ancêtres l’ont amassée ici-bas, tandis que moi je l’accumule là-
haut, comme il est dit : «La vérité (
Émet
) germera de la terre et la
charité (
Tsédaka
) brillera du haut des cieux» (
Psaumes 85, 12
). Mes
ancêtres l’ont amassée dans un lieu sur lequel la main des hommes a
une emprise, tandis que moi, je l’accumule dans un lieu sur lequel la
main des hommes n’a aucune emprise, comme il est dit : «La justice
et le droit sont à la base de Ton trône» (
Psaumes 89, 15
). Mes ancêtres
ont amassé quelque chose qui ne produit pas de fruits, tandis que moi,
j’accumule quelque chose qui produit des fruits, comme il est dit :
«Le Juste sera heureux et il jouira du fruit de ses œuvres» (
Isaïe 3, 10
).