Page 24 - Livre Une vie de Femme - edition 1 - 2013

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Une vie de femme, près d'Hachem
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as-tu pu discuter, raconter, chanter et cajoler ? » La voix de sa mère assurée
et claire répond :
« Penses-tu, Mikhal, que j’ai toujours été ainsi ? »
De nombreuses femmes dans le monde ne rendent compte que des résultats
et non du processus qui a permis de les atteindre. Nous ne méditons pas
suffisamment sur le combat que nos parents ont pu mener afin de surmonter
toutes leurs épreuves. Pour nous, ils sont ce que nous voyons à présent :
forts, joyeux, patients. Mikhal ne peut pas se rappeler du nombre de fois
où sa mère a trébuché, c’est la raison pour laquelle elle se mesure avec un
regard trop critique.
Un homme ne naît pas grand,
un homme grandit lentement au fil des
années
, comme un immeuble qui se construit pierre après pierre, comme
ton enfant qui a grandi doucement, sans que tu ne t’en aperçoives. Seul un
étranger, qui ne l’aurait pas vu pendant une longue période s’exclamerait,
impressionné : « comme il a grandi ! » Ta mère et ta grand-mère ne sont pas
nées avec ce niveau ! Ce sont les épreuves de la vie et ce travail personnel
accompli inlassablement, qui ont fait d’elles ce qu’elles sont aujourd’hui.
Un vieillard était assis au bord d’un fleuve et dessinait des cercles sur
le sable. Derrière lui, un jeune homme l’observait : « Vieil homme »,
s’enhardit-il, « comment fais-tu pour dessiner des cercles aussi beaux et
parfaits ? »
« Assieds-toi près de moi », lui dit le vieil homme, « essaie toi-même ».
Le jeune homme accepta l’invitation et s’installa. Il se mit à tracer des
cercles sur le sable. Le premier ne ressemblait à rien, le deuxième était
déjà mieux, le troisième n’avait rien à voir. Petit à petit, il sentait qu’il
réussissait à avoir la maîtrise de ses mains, chaque cercle était meilleur que
le précédent. A la fin, il fut pleinement satisfait : il dessinait des cercles
parfaits !
On entendit un léger murmure derrière lui.
Un jeune homme se tenait près de lui et lui posa une question familière :
« Comment arrives-tu à dessiner des cercles si beaux ? » Le regard du