Page 53 - En chemin vers Hachem

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histoire n°
3
Fou de joie, le roi organisa une fête pendant laquelle le prince devait peindre
une toile. Tous les habitants accoururent pour l’événement et devant leurs
yeux admiratifs, il peignit un véritable chef-d’œuvre. 
Les mois passèrent et le roi demanda à son fils de lui peindre de nouveau
une toile, mais ce dernier n’y parvint pas. Le roi convoqua le peintre sur-le-
champ et celui-ci lui expliqua :
« Monseigneur, votre fils est daltonien. Tous les cours ne pourront rien y
changer. Pour tenir mes engagements, j’ai inscrit des numéros sur la toile
pour qu’il sache quelle couleur utiliser. » 
À l’image de ce fils, sans les numéros sur la toile (les commandements de
la Torah), nous ne pouvons différencier l’essentiel du superficiel, mettre
nos priorités au bon endroit. 
Sans m’en rendre compte ce soir-là, notre conversation fut le prélude de ma
future
Téchouva
...
Vendredi au réveil, Mégane m’annonça que nous étions invitées Chabbath
chez une famille extraordinaire. Elle les avait rencontrés l’année de son
séminaire et s’était liée d’amitié avec la femme. Pour me convaincre de
venir, elle m’assura que ce n’était pas des religieux « coincés » et me promit
que je ne me sentirai pas mal à l’aise parmi eux. Je me laissai convaincre.
Je me déguisai donc en religieuse. Cette fois-ci, pas question de poster la
photo sur Facebook ! 
Soyons honnêtes, même si je n’ai jamais connu d’orthodoxes, je considère
les religieux comme des personnes d’un autre temps qui se soustraient à
toute modernité, le mari passant son temps à étudier au détriment du travail
et de sa femme épuisée qui s’occupe de ses 10 enfants...
Au cours de ce Chabbath toutefois, tous mes préjugés volèrent en éclats.
Certes sur la forme, j’avais raison. Il s’agissait d’une famille parfaitement
orthodoxe : barbe et chapeau pour Monsieur, tête couverte et jupe longue
pour Madame, 6 enfants, pas de connexion Internet ni de télévision
à la maison, et seule une grande bibliothèque de livres de Torah et des
tableaux de
Rabbanim
décoraient l’appartement. Mais sur le fond, j’étais
complètement à côté de la plaque.