Page 17 - Rambam - Hilhot Deot

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chapitre 1
15
1)
Chaque être humain a été doté de nombreux traits de caractère. Ces
derniers sont différents et très éloignés les uns des autres.
Un homme peut avoir un tempérament coléreux et s’emporter facilement,
tandis qu’un autre est posé et ne s’emporte jamais ; même lorsque ce
dernier s’énerve, sa colère est minime et rarissime, une fois toutes les
quelques années. L’un peut être particulièrement orgueilleux alors que
l’autre est extrêmement humble. Certains peuvent être tellement soumis
à leurs envies qu’ils ne sont jamais rassasiés des satisfactions qu’elles leur
procurent. D’autres ont le corps si pur qu’ils ne sont nullement attirés par
les besoins du corps les plus basiques.
L’un peut être si avide d’argent qu’il ne se contenterait pas même de tout
l’argent du monde, comme il est écrit : «
Qui aime l’argent n’est jamais
rassasié d’argent
» ; l’autre se restreint au point de se satisfaire d’un niveau
de vie insuffisant à son bien-être ; il ne fait aucun effort pour se procurer
ce dont il a besoin.
Il y a le radin qui préfère s’infliger des souffrances en se privant de nourriture
afin d’économiser son argent ; il ne dépense jamais le moindre sou si ce
n’est avec grande peine, par opposition au dépensier qui dilapide son
argent sans scrupules. Ainsi en est-il des autres traits de caractère comme
très joyeux et triste, radin et dépensier, cruel et trop indulgent, craintif et
téméraire etc.
2)
Entre chaque trait de caractère et son extrême opposé, se situent les traits
de caractère intermédiaires distants les uns des autres. Dès sa conception,
l’homme possède certains traits de caractère en fonction de sa constitution
et sa nature
1
. D’autres traits correspondent à ses prédispositions ; ainsi, à
l’avenir, il pourra les acquérir plus facilement que d’autres.
En revanche, il y a des traits qui ne lui sont pas innés, mais qu’il peut
apprendre en se laissant influencer par d’autres personnes, ou s’en
1. Voir l’introduction du Rambam aux Maximes des Pères : Les Huit Chapitres, chapitre
8, au sujet de la formation de l’être humain.