Page 47 - Chalom Bayit

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le choix du conjoint
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Certains mécènes, en Europe ou en Amérique, reçoivent très dignement ces
émissaires parce qu'ils prennent le temps de réfléchir et de comprendre que,
pour ces pauvres hères, la collecte n'est pas une partie de plaisir.
Je fus moi-même témoin d'un tel geste de charité, sans fanfare ni publicité,
lors de l'un de mes séjours au Canada. Un jeune
Rav
alla frapper à la porte
d'un grand donateur, un jour de neige. Le froid était tout simplement
insoutenable, comme vous pouvez l'imaginer. Le juif, après avoir fait un don
généreux pour la
yechiva
que le jeune homme représentait, porta son regard
sur ses mains et découvrit avec horreur qu'elles étaient gercées. Il s'excusa
et, quittant l'embrasure de la porte, réapparut au bout de quelques secondes
avec, en main, des gants fourrés. Il les tendit en toute simplicité au jeune
Rav
et déclara avec gentillesse : « Je vous en prie, prenez-les, vous aurez moins
froid. J'en ai plein chez moi, je n'en ai pas besoin. »
Mon ami,
Rav
Yossef Barchichat, me rapporta un jour cette anecdote : «
Rav
Chimchon Aharon Polonsky
zatsal
(le
Rav
de Taplik), un des grands Sages
de la Jérusalem d'antan, était célèbre pour ses actes de bienfaisance. Lui-
même vivait dans le plus grand dénuement et se suffisait du strict minimum,
mais cela ne l'empêchait pas de remuer ciel et terre pour venir en aide aux
nécessiteux. Une veille de Pessah, un juif se présenta à lui et lui demanda :
« Peut-on remplir son obligation de boire les quatre coupes de vin, le soir du
Seder… avec du lait ? »
Rav
Chimchon Aharon, qui était un décisionnaire
reconnu ne répondit pas à sa question, et lui tendit plutôt une importante
somme d'argent en déclarant : « Va, je t'en prie, acheter tout ce qu'il te faut
pour la fête. »
Son disciple, témoin de la scène, se demanda pourquoi le
Rav
avait préféré
donner cet argent plutôt que de répondre à cette simple question de
halakha
.
Et pourquoi tant d'argent ?
Le
Rav
de Taplik s'expliqua : « La question de cet homme révélait non
seulement qu'il n'avait pas de quoi acheter le vin pour le Seder, mais aussi
la viande, puisqu'il m'a demandé s'il pouvait se rendre quitte avec du lait…
Plutôt que de répondre, je devais lui donner de quoi acheter le vin et tout le
reste. »