Page 38 - Livre Une vie de Femme - edition 1 - 2013

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Une vie de femme, près d'Hachem
pas ce qu’il souhaite et ce qu’il possède déjà lui sera retiré »
. Cela est
juste, il est impossible de lui attribuer ce qu’il réclame, car non seulement
il n’y a pas de raison de lui donner des choses qui n’ont pas de rapport
avec son rôle dans ce monde, mais ce qu’il possède lui sera également
retiré parce qu’il ne comprend pas son rôle et ne remercie ni ne prie pour
conserver ce qu’il possède.
Un âne et un chien qui servaient fidèlement leur maître depuis des années
étaient couchés dans la cour de sa maison. C’était un jour où le soleil
tapait sans pitié. L’âne poussa un profond soupir et s’adressa au chien :
« Dis-moi, mon ami, pourquoi est-ce toujours à moi de porter des charges
si lourdes qui me brisent le dos, alors que toi tu ne fais que t’amuser avec
notre maître qui est toujours heureux de te voir ? »
« Mon pauvre » compatit le chien, et après un court instant de réflexion,
il essaya de le conseiller : « Que penserais-tu de faire comme moi ? Quand
notre maître arrive, cours vers lui, lèche-lui la main et ensuite, lève tes
pattes sur ses épaules. Qui sait, peut-être qu’après cela, il te libèrera de ta
charge, comme moi ? »
« C’est là tout le secret ? », l’âne fut enchanté de la proposition et à partir
de cet instant, il s’entraîna sans répit à jouer son nouveau rôle. Le lécher
et le caresser avec la patte… comme c’était facile !
Quelques heures plus tard, on entendit le portail grincer. Le maître
arrivait. Un frisson d’émotion parcourut l’âne. Il se précipita vers lui et se
mit à le lécher, du mieux qu’un âne pouvait le faire.
La réaction ne fut pas du tout celle escomptée… Le maître s’énerva et le
frappa durement de son bâton.
Brisé, l’âne retourna à sa place et parvint avec peine à se tourner vers le
chien.
« Toi et tes conseils perfides… », grommela-t-il péniblement entre ses
dents, tout en les comptant et les recomptant pour vérifier combien il lui
en manquait.