Page 37 - En chemin vers Hachem

Version HTML de base

35
histoire n°
2
J
’ai le mérite d’avoir été nommée d’après le prénom de mon arrière-
grand-mère. C’est mon père qui l’a choisi parce qu’il était celui de sa
grand-mère qu’il chérissait tant et ma mère l’a accepté parce qu’elle le
trouvait joli. Ce prénom que je porte, Dina, lié au mot « Din – Loi » en
hébreu, est sans doute celui qui m’a permis de rejoindre la Torah de mes
ancêtres et de connaître le bonheur d’une vie fidèle aux lois d’Hachem.
Cela n’était pas évident, au départ, parce ma mère, la femme que mon père,
Juif algérien, avait épousée, n’était pas juive.
Mes parents se sont connus très jeunes, et lorsque ma mère se retrouva
enceinte de moi, ils décidèrent de se marier. Les parents de ma mère – avec
lesquels elle entretenait déjà des rapports difficiles – n’acceptèrent pas du
tout ce choix et firent tout pour qu’elle ne garde pas l’enfant qu’elle portait,
ce qui eut pour conséquence une rupture totale entre eux. Par contre, la
famille de mon père, qui n’était pas observante, la reçut à bras ouverts.
Nous habitions à proximité les uns des autres, ce qui nous a permis, tout
naturellement, d’entretenir de profonds liens d’affection.
Mes parents sont des gens agréables qui s’entendent bien. Ils eurent trois
enfants après moi et tiennent un magasin de vêtements au centre-ville.
Notre enfance fut joyeuse et sereine. Nous avons fait de bonnes études et
rien n’est venu troubler cette paisible routine jusqu’à l’évènement qui a
marqué nos existences à tout jamais. Celui qui, selon la Volonté divine, a
scellé notre destin et nous a poussés dans une tout autre direction…
J’avais 18 ans. J’étais en terminale et j’étais folle de joie à l’idée de partir en
week-end à Dieppe avec quelques amis de ma classe. Stéphane, le garçon
que je fréquentais à l’époque, avait obtenu son permis de conduire et nous
avions organisé cette virée entre copains à moindres frais puisque nous
profitions de sa voiture pour le voyage. Aujourd’hui encore, je peux m’en
souvenir comme si j’y étais…
Nous sommes sur l’autoroute, filant à vive allure, palabrant au sujet de
nos divers projets de divertissements… Et soudain, c’est l’explosion ! En
un éclair, nous sombrons en enfer. Stéphane s’agrippe de toutes ses forces
au volant, mais le véhicule est incontrôlable, nous volons dans le décor et
tout bascule. Nous finissons dans un fossé, la tête à l’endroit après deux
tonneaux.