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Or, voilà le hic, la commande passée par Ra’hel ne suffit que pour un mur.
Elle ne comprend pas pourquoi, mais elle commande une seconde quantité. La
couleur exacte manque toutefois en magasin qui envoie des dalles de couleur
similaire, mais pas identique. « Ce n’est pas très grave, la diversité, c’est bien,
c’est plein de vie », pense-t-elle pour se rassurer.
Les problèmes ne sont cependant pas terminés. Le marbre noir avec les brillants
est trop grand pour les dimensions du plan de travail, et aussi trop noir par
rapport aux murs bleus. Le volet de couleur crème convient à ce mélange…
comme une meringue à la crème posée sur une salade de légumes.
Ra’hel lève les bras en signe de désespoir, lorsque sa mère lui rappelle de s’occuper
de l’emplacement de prises électriques. Que faire, tout le mur est déjà carrelé et
elle n’a pas pensé une seconde aux prises !
Du coup, ils utiliseront l’unique prise qui s’y trouve, ils y placeront une
multiprise et introduiront une rallonge vers le frigidaire, le four, la bouilloire
et le four micro-ondes. A-t-elle le choix ?
Les travaux de rénovation se transforment en un périple frustrant, éprouvant,
pénible et surtout, trois plus cher que prévu ! D’un mois, il se prolonge en six
mois, et le résultat ? Loin, mais alors très loin des rêves façonnés par Ra’hel
pendant vingt ans.
« J’ai eu trop confiance en moi », se dit Ra’hel avec tristesse, assise dans la
cuisine, avec, à ses pieds, une multitude de fils électriques qui se mélangent. « Je
pensais que les rêves avaient le pouvoir de construire, de concevoir, de calculer…
je pensais que j’allais m’arranger, alors qu’en fait, j’aurais dû prendre conseil
auprès de professionnels, tendre l’oreille et écouter, intégrer le côté pratique de
la rénovation, et demander à ceux qui ont déjà effectué ces travaux leurs avis.
Pour l’instant, tout ce qu’il me reste à faire, c’est de poursuivre ma vie dans ma
cuisine dénuée de grâce et de pratique, et de me souvenir de la leçon jour après
jour, heure après heure. »