Page 82 - Chalom Bayit

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Un jour, un des deux amis se languissant de son ancien camarade, décida
de lui rendre visite. Après avoir traversé la frontière, il fut appréhendé par
les forces de l'ordre qui le soupçonnèrent de pratiquer l'espionnage pour
le compte d'une puissance ennemie. On le condamna à la peine capitale.
Malgré la gravité de son cas, il fut autorisé, avant son exécution, à exprimer
ses dernières volontés. Il demanda alors à retourner dans son pays afin de faire
ses adieux à ses proches.
Les juges y consentirent, mais redoutant que le condamné en profite pour
prendre la fuite, ils exigèrent une garantie. Lorsque son vieil ami apprit
la nouvelle de l'arrestation, il se précipita au tribunal et déclara devant les
magistrats : « Vous pouvez me garder en détention à sa place : je serai garant
de son retour. S'il ne revient pas au bout d'un mois, vous pourrez m'exécuter
à sa place. » Ce qui fut accepté.
Les jours passèrent, et le mois allait à sa fin. Il ne restait plus qu'un seul jour
jusqu'à l'expiration du délai. Le condamné n'était toujours pas revenu. Les
heures avançaient, et toujours rien. Les bourreaux préparaient déjà la potence,
et le garant allait être exécuté à la place du « coupable ». Il ne restait plus que
quelques minutes jusqu'à la terrible pendaison, quelques minutes d'angoisse
mortelle. Soudain, le supposé espion arriva en courant, tout essoufflé.
« Je suis là ! dit-il aux bourreaux. Libérez-le et placez la corde autour de mon
cou.
Non ! répondit son ami, à la surprise générale. Retourne chez toi en paix,
j'ai décidé de mourir à ta place…
Il n'en est pas question ! protesta le condamné. C'est moi qui ai été déclaré
coupable, pas toi. Tu n'es que mon garant. Je te suis très reconnaissant de
m'avoir ainsi permis de dire adieu aux miens. A présent lève-toi, et quitte
rapidement cette funeste prison !
Mais tu es aussi innocent que moi, répliqua l'ami. Je suis bien décidé…
Bourreaux ! fit l'accusé avec autorité, faites donc votre travail et procédez à
la pendaison. Ne l'écoutez pas ! »
Les exécuteurs des hautes œuvres étaient indécis. Jamais, durant toute leur
vie, ils n'avaient assisté à pareil spectacle ni entendu pareille histoire. Ils
envoyèrent un émissaire chez le roi afin d'y voir plus clair.
Le roi donna l'ordre de lui présenter les deux amis. Lorsqu'ils arrivèrent au