Page 59 - Livre Une vie de Femme - edition 1 - 2013

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Exploitée
Il est trois heures du matin. Rivka balance la poussette, espérant endormir
son nourrisson et pouvoir aller se coucher. Tout est silencieux, les grands
dorment et son mari a déjà plongé dans un repos réparateur. Tout à coup,
un sentiment pesant commence à l’envahir. Une sorte de compassion pour
elle-même. Presque chaque nuit, elle ne dort que trois heures, et le matin,
elle doit se lever et se consacrer à ses occupations comme d’habitude, sans
la moindre aide. Des larmes mouillent ses yeux et elle se mord les lèvres
avec amertume.
Comment tenir bon ?
D’après les critères du monde superficiel qui nous entoure, le concept élevé
de « bonté et don » a pris une appellation différente : « exploitation ». On
entend régulièrement qualifier de « naïf » celui qui donne sans compter,
dans la mesure où ce système relationnel est fondé sur l’action de prendre.
Donner sans espérer un profit n’a pas de place dans un tel univers.
Notre monde est fondamentalement différent.
Chez nous, la signification du mot « vie » est « savoir donner »
, acte
que l’on désigne par le terme de « bonté ». Rav Dessler guidait ainsi les
jeunes couples venus lui demander de les bénir : « Dès l’instant où vous
allez donner à l’autre sans attente de retour, sachez que le vrai bonheur est
devant vous ». Donner sans espérer recevoir est le plus authentique gage
de bonheur, cela s’appelle « la bonté ». C’est par le pouvoir de cet attribut
que la mère construit son foyer.
Qu’est-ce que la « bonté » ?
Eli’ézer, le serviteur d’Avraham, se tient debout près de ses dix chameaux
et de ses serviteurs, et adresse à Rivka, une enfant de trois ans, la demande
suivante : «
Fais-moi boire… un peu d’eau 
» (
Béréchit
24, 17).